George-Philip Chartier - Directeur de cabinet du président du Conseil départemental de la Marne
- La rédaction
- 9 juil.
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Dernière mise à jour : 15 juil.
Propos recueillis par William Chancerelle - Juin 2025

Bordelais de naissance, girondin par goût des révolutions lentes et pacifiques, gaulliste comme une évidence depuis l’enfance. Une trinité constitutive. Le socle de pensée et d’action de George-Philip Chartier. Ses racines familiales puisent leur sel dans la terre d’un Tarn socialiste et ouvrier autant que dans la boue de Verdun où son arrière-grand-père se distingua au champ d’honneur. Est-ce pour cela qu’il y a en lui quelque chose d’une France où se mêlent la gouaille de Gabin, les grands combats politiques, la liesse d’un match de rugby ? Une certaine idée de la France qu’il ne se résout pas à voir disparaître même à l’heure où l’on déboulonne les statues et les commandeurs…
S’il a milité et travaillé au côté de Chirac et Juppé, s’il est grand admirateur de Chateaubriand, s’il n’a jamais caché sa sensibilité politique, il y aurait pourtant un contresens à voir chez George-Philip Chartier un chantre du conservatisme. C’est aux réformes qu’il en appelle, pour éviter les révolutions brusques et destructrices. C’est à un combat contre les certitudes et les dogmatismes qu’il se rallie. Parce qu’ils sont mortifères pour l’action et les compromis féconds.
Sa passion pour la politique, George-Philip Chartier ne la doit qu’à lui-même. Devant ses parents étonnés, ils dévorent les journaux et les livres d’histoire en culottes courtes. Il entend encore son père lui annoncer la mort de Pompidou, premier souvenir fondateur.
Naturellement, il n’attend pas le nombre des années pour militer et se prendre au jeu dévorant des campagnes et de leur fièvre. Ses diplômes de sciences politiques et d’histoire contemporaine en poche, il devient attaché du groupe RPR au Conseil départemental de la Gironde, lui, un « bébé Chirac », déjà Vice-président des jeunes RPR au niveau national, au côté d’un certain Benoist Apparu.
S’ouvre alors l’ère Juppé à Bordeaux. Les inoubliables campagnes municipales et présidentielles de 1995 et le début des choses sérieuses pour lui. Élu à Bordeaux avant de rejoindre le cabinet de Juppé, George-Philip Chartier vit des années « TGV » auprès du maire Premier ministre. Tout apprendre, tout comprendre, et avoir la vie devant soi.
La vie, précisément. Celle qui s’arrête tragiquement pour Philippe Pireyre, le directeur de cabinet dont il était si proche. Une cicatrice à vif dont il ne pourra guérir qu’en quittant Bordeaux. Une page se tourne, loin de ses repères géographiques. George-Philip Chartier cultive depuis lors un sens aigu de l’intranquillité. La certitude - hormis celle des principes - est piètre conseillère. Or, son métier, précisément, est de conseiller ceux qui sont en responsabilité. Directeur de cabinet du président d’Eure-et-Loir puis de Jean-Paul Fournier à Nîmes, il se souvient de ce conseil de Chaban-Delmas d’agir comme quelqu’un qui a une mission et non une fonction. Quand le temps de la mission est fini, il faut se remettre en question et rebattre les cartes. Après une riche expérience aux affaires publiques de Suez, il rejoint le ministère de l’Intérieur alors dirigé par Claude Guéant.
L’intranquillité, c’est connaître les traversées du désert et les rendez-vous Pôle Emploi devant une conseillère quelque peu décontenancée par ce profil peu commun.
Le choix de l’intranquillité c’est aussi faire passer la déontologie avant tout et démissionner d’un poste passionnant lorsque son épouse devient maire de Biarritz en 2020.
La droiture a un prix. Elle peut aussi être reconnue. Lorsque Jean-Marc Roze, nouvellement élu président du Conseil départemental de la Marne l’appelle en 2022, il connaît le parcours de George-Philip Chartier et la constance de ses engagements. Il a besoin à ses côtés d’un directeur de cabinet capable d’assumer les réformes et leurs conséquences. Les deux hommes tombent d’accord même si le président l’oblige à le tutoyer en privé… On ne se refait pas !
Homme de lettres, de principes et de fidélités, George-Philip Chartier se refuse à devenir « une âme habituée ». Contre les nihilismes et les immobilismes, n’est-ce pas là le secret des engagements qui durent et des cœurs qui ne tarissent pas ?
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