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Le Département du Jura invente le cabinet médical éphémère

  • La rédaction
  • 6 oct.
  • 3 min de lecture

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Dans un contexte de désertification médicale, le Département du Jura a su réagir avec rapidité, pragmatisme et audace. En inaugurant un cabinet médical éphémère à Val Suran le 1er avril 2025 dernier, il a posé les bases d’un nouveau modèle d’action publique, souple et réplicable, au service des territoires oubliés du système de soins. Cette initiative, saluée par le jury des Coqs d’Or, remporte haut la main le Grand Prix de la Santé 2025.


Une réponse immédiate à l’urgence médicale


Dans le Jura, plus de 40 % des médecins libéraux ont plus de 55 ans. Et dans certaines zones rurales, le départ d’un praticien peut plonger une commune dans un vide médical total pendant plusieurs mois. Face à ce constat, le Conseil départemental du Jura, en lien avec l’Ordre des médecins, l’ARS, la CPAM et la commune de Val Suran, a décidé de créer un dispositif transitoire mais efficace, le cabinet éphémère.


Son principe est simple : mettre à disposition, dans les zones privées de médecin, un cabinet fonctionnel, animé en alternance par des médecins vacataires — jeunes, retraités ou en attente d’installation — rémunérés par le Département. La logistique est assurée par l’ARS, les locaux sont mis à disposition par la commune et la coordination est portée par les institutions partenaires.


Val Suran, laboratoire de proximité


Le cabinet pilote a été mis en place à Val Suran, dans une zone jusqu’alors totalement dépourvue de médecin. Trois praticiens se relaient désormais pour assurer des consultations, recréant un lien médical essentiel pour les habitants. Cette présence, même temporaire, permet d’éviter les ruptures de suivi, de maintenir la confiance envers le système de santé et de préparer l’installation pérenne d’un médecin.


L’efficacité du dispositif, sa simplicité de mise en œuvre et sa réactivité sont autant d’arguments qui ont convaincu le jury du Grand Prix de la Santé. Le choix de n’intervenir que dans les zones totalement dénuées de médecin évite toute concurrence avec la médecine libérale déjà installée, et renforce l’ancrage local du dispositif.


Une initiative audacieuse dans un domaine non obligatoire


Ce projet se distingue également par son caractère non obligatoire. La santé n’étant pas une compétence départementale directe, le Conseil départemental du Jura a fait le choix politique d’intervenir malgré tout, avec lucidité et ambition. Cette démarche proactive illustre un sens aigu de la responsabilité territoriale, et une volonté affirmée de garantir à tous un accès équitable aux soins.


Le Grand Prix de la Santé 2025 vient donc récompenser une collectivité qui démontre, par l’expérimentation, qu’il est possible de répondre efficacement aux enjeux les plus urgents de notre société : la santé, la proximité, l’égalité.


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4 questions à Gérôme Fassenet, Président du Département du Jura :


Pourquoi le Département du Jura a-t-il choisi de s’engager dans un domaine qui ne relève pas de sa compétence directe ?


Le premier objectif des élus du département du Jura est de répondre en proximité aux besoins des jurassiennes et des jurassiens. L’accès aux soins est le corolaire étroit de nos politiques sociales. Comment parler de perte d’autonomie ou du grand âge sans accès à la médecine de ville.


Aujourd’hui, la prise en charge peut être un facteur d’inégalité territoriale, et nous ne pouvons rester spectateurs. C’est de la responsabilité des élus du département d’être en lien avec les acteurs du territoire pourvoyeur de solutions.

Lorsque le président de l’ordre des médecins m’a proposé cette solution de cabinet éphémère en lien évidemment avec l’Agence Régionale de Santé, j’ai souhaité répondre favorablement.


Quels ont été les principaux freins (techniques, politiques ou budgétaires) à surmonter pour concrétiser ce projet ?


Il n’y a pas de frein, au contraire, les partenaires de cette opération ont une ambition commune. L’enjeu était d’assurer une bonne coordination entre les différents acteurs pour permettre au dispositif de fonctionner en évitant le tuyau d’orgue malheureusement trop classique. 

Ces cabinets éphémères ont été co-construits avec l’Ordre des Médecins, l’ARS, la CPAM et les élus de la commune du Val Suran.


Comment les habitants de Val Suran ont-ils accueilli ce cabinet médical éphémère ?


La population a accueilli avec soulagement et une grande satisfaction cette réponse. L’accès à la médecine de ville en proximité de son domicile est une préoccupation en milieu rural notamment. 


Envisagez-vous d’étendre ce dispositif à d’autres zones du Jura, voire de le proposer comme modèle à d’autres départements ruraux ?


Comme son nom l’indique, il s’agit d’une solution éphémère. Ce dispositif peut être mobilisé par l’ordre des médecins qui sollicite son déploiement à raison d’une carence de prise en charge de médecine de ville. 


Ce dispositif peut ainsi trouver à se déployer sur d’autres territoires. Ce dispositif, doit s’inscrire dans la perspective réelle de voir un nouveau professionnel s’installer et être un trait d’union à une solution pérenne.


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