top of page

Lorsque les routes fermeront faute d’entretien…

  • La rédaction
  • il y a 7 jours
  • 2 min de lecture

Par François SAUVADET

Ancien Ministre

Président de Départements de France


ree

Le Premier ministre s’apprête à lancer un « grand acte de décentralisation » avant la fin de l’année, mais c’est dans les arbitrages du projet de loi de finances 2026, que se mesureront réellement la sincérité et l’ambition de cette réforme annoncée. 


Depuis cinq ans, les nuages ne cessent de s’accumuler sur les finances de nos Départements. Les dépenses sociales atteignent des niveaux records ; les recettes, elles, s’effondrent ; et la suppression de la taxe foncière a privé nos collectivités du dernier levier fiscal qui leur permettait d’agir de manière contracyclique. 


Nous sommes désormais tributaires de conjonctures économiques que nous ne maîtrisons pas et de dotations versées par un État désormais endetté à plus de 3600 Md€.


La Cour des comptes elle-même, habituellement sobre dans ses diagnostics, a reconnu et objectivé la dégradation rapide de nos finances, qui risque, selon nos prévisions, de précipiter près de 60 Départements sous le seuil d’alerte des 7% de marge brute d’ici la fin de cette année. 


Aucun élu local ne méconnaît la gravité de la situation des finances publiques et des défis majeurs auxquels notre pays est confronté. Mais aucun élu local n’ignore rien non plus, des graves conséquences qu’aura, sur le quotidien des Français, la faillite budgétaire des Départements. Lorsque des routes et des ponts fermeront faute d’entretien, lorsque nous ne serons plus en mesure d’équiper nos pompiers face aux risques climatiques, ou que nos communes ne bénéficieront plus de l’effet levier des subventions départementales, c’est le pays profond qui sera impacté, avec tous les risques que cela comporte. Dans un pays accablé par les prélèvements obligatoires, le citoyen n’acceptera pas longtemps de voir les services publics se déliter sous ses yeux.


À l’inverse, une décentralisation digne de ce nom, qui garantit aux collectivités locales une libre administration effective ainsi qu’une autonomie fiscale et financière réelle, est un acte politique fort, capable de transformer la vie quotidienne des Français. 


Dans une France en crise, et face au défi immense que représente le champ des solidarités humaines et territoriales, le couple commune/département constitue le socle solide sur lequel doit se construire l’avenir du pays. 


Jamais l’exigence d’une action publique locale, innovante et pragmatique, n’aura été aussi pressante ; jamais le rôle des Départements n’avait été aussi crucial pour préserver la cohésion de notre pays, et maintenir la continuité de l’action publique.


Mais on ne bâtira pas les fondements de la décentralisation sur du sable. C’est pourquoi j’en appelle au courage de l’État pour accorder aux Départements la souplesse et les financements nécessaires au plein exercice des compétences que la loi leur a transférées – ou qu’il assume, publiquement, de les supprimer. 


Seuls des engagements clairs et résolus, dans le cadre du PLF et de PLFSS 2026, permettront de desserrer la contrainte à laquelle les Départements sont soumis, et d’ouvrir de réelles perspectives pour l’avenir. C’est aussi à ce prix, que la parole décentralisatrice retrouvera sa crédibilité. 

Commentaires


bottom of page