top of page

Repenser le financement de notre modèle social pour sauver la nation solidaire 

  • La rédaction
  • il y a 6 jours
  • 3 min de lecture

Jean-Luc GLEYZE,

Président du Conseil départemental de la Gironde 

Président du groupe de gauche à Départements de France


ree

La France est à un tournant. Alors que le projet de loi de finances pour 2026 est en discussion, une question essentielle s’impose : comment assurer durablement le financement de notre modèle social ? 


Un débat limité à la réduction des dépenses est une impasse court-termiste. C’est se méprendre sur les besoins des Françaises et des Français et du pays. C’est continuer à raisonner en termes de « charges » plutôt que de « solidarité ». Aucune « année blanche », ni aucun gel des prestations sociales ne saurait répondre aux défis de fond que traverse notre modèle social.


Les Départements et leurs partenaires sont en première ligne pour protéger les plus vulnérables, maintenir les services publics et garantir la cohésion sociale. Ils ne demandent pas plus de moyens pour eux-mêmes, mais pour la République sociale qu’ils font vivre au quotidien. Pourtant, la pression budgétaire qui s’exerce sur eux réduit chaque année un peu plus leur pouvoir d’agir. Derrière chaque euro supprimé, ce sont des vies qui vacillent : des enfants à protéger, des familles en difficulté, des personnes en situation de handicap et des personnes âgées à accompagner. C’est aussi une transition écologique dont nous peinons à prendre la mesure et des territoires en développement que nous manquons d’accompagner.


Les Départements ne sont pas des caisses de résonance des déficits de l’État : ils sont les garants d’un pacte républicain de solidarité. Si chacun doit contribuer à l’équilibre des finances publiques, les 80 ans de la Sécurité sociale rappellent un principe fondateur de notre modèle social : chacun contribue selon ses moyens et en bénéficie selon ses besoins. Ce socle de solidarité doit engager toute la collectivité, y compris les plus hauts revenus de notre pays.


La décentralisation s’étiole sous le poids des contraintes financières. Les Départements n’ont pas besoin d’un nouveau grand soir de la décentralisation, mais d’un respect réel de leur autonomie financière. Nous devons retrouver le chemin de ressources dynamiques, de marges de manœuvre réelles et d’un véritable pouvoir de taux, sans lesquels la décentralisation reste une promesse inachevée. L’avenir passe par un pacte clair entre l’État et les Départements, fondé sur la responsabilité et la visibilité budgétaire.


Les Assises des Départements se tiennent cette année dans le Tarn, sur les terres de Jean Jaurès. Ses mots résonnent plus que jamais : « Nous voulons que la société tout entière assure à chacun la sécurité du lendemain. » Ce que nous défendons, ce n’est pas la charité, c’est le droit à une protection sociale digne et soutenable.


Il faut faire advenir le temps des responsables et cesser de se défausser sur ses responsabilités. Chacun doit prendre sa part, l’État compris. C’est cela, la décentralisation. La protection de l’enfance illustre parfaitement les limites du système actuel. Les Départements et leurs partenaires ne peuvent agir seuls. L’État doit reprendre toute sa place en matière de pédopsychiatrie, de santé mentale et de prévention. De même, la France avance vers un mur du grand âge sans vision ni moyens adaptés. 


Il est temps d’ouvrir une nouvelle page : celle de la refondation du financement de notre modèle social. C’est redonner sens à la solidarité nationale et justice à son financement. C’est permettre à la République de tenir la promesse qu’elle fait à chacun : la dignité, la justice, la protection et la sécurité sociale, le soin et l’accès aux droits.


La République a besoin de ses territoires. Donnons-leur enfin les moyens de tenir la promesse de solidarité qui fonde notre nation.

Commentaires


bottom of page