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Entretien avec Jacques Fleury, Président du Conseil départemental du Cher

  • La rédaction
  • 2 sept.
  • 6 min de lecture

Dossier Spécial - Département du cher


Inauguration du Foyer Départemental de l’Enfance en 2024
Inauguration du Foyer Départemental de l’Enfance en 2024

Jacques Fleury, vous êtes président du Conseil départemental du Cher depuis 2021. Pouvez-vous revenir sur les grandes étapes de votre parcours ? 


J’ai effectué toute ma carrière comme journaliste au Berry Républicain. Il s’agit d’une histoire familiale puisque mon père y travaillait déjà. Avec mon parrain, ils étaient tous deux chimistes au service de photogravure. Ce service a été créé à leur arrivée et ils sont les premiers à avoir rendu possible l’apparition de photos dans le journal. Je me souviens encore de leur grandes blouses grises rongées à l’acide. Mon père est mort à 45 ans, et mon parrain l’a suivi trois semaines plus tard, alors que j’étais encore un jeune homme. 1968 reste une année très difficile… C’est mon père qui m’a mis le pied à l’étrier pour entrer au journal. J’y ai travaillé durant toutes mes vacances jusqu’au bac, et j’ai été embauché comme pigiste.

J’ai commencé à la rubrique des sports à Châteauroux, puis en locale à Vierzon avant de rejoindre Bourges au service de l’information générale pour couvrir l’actualité nationale et internationale. J’ai été passionné par mon métier tout au long de ma carrière et j’ai finalement pris ma retraite en décembre 2014. 


Côté engagement électif, tout a commencé en 1995 lorsque Serge Lepeltier s’est lancé dans la campagne municipale à Bourges. Il m’a sollicité pour figurer sur sa liste car, à l’époque, j’étais président de l’association de quartier du centre-ville. Après sa victoire, j’ai siégé au Conseil municipal jusqu’en 2014. Parallèlement, j’ai été élu conseiller général en 1997 à la suite d’une élection partielle sur mon canton de Bourges. J’ai dû faire face à un candidat communiste et à un candidat UDF qui s’est désisté en ma faveur au second tour. J’ai fini par l’emporter de 38 voix ! En 2015, j’ai remporté les élections départementales avec 60 % des voix, Michel Autissier, le président, m’a alors nommé vice-président en charge du handicap et du personnel. Il m’est revenu la mission lourde de mettre en place un plan d’optimisation de la masse salariale. 


J’ai parallèlement pris la présidence de la MDPH et la présidence du groupe de la majorité Avenir pour le Cher. En 2020, Michel Autissier m’a annoncé qu’il ne souhaitait pas se représenter et m’a demandé de me préparer à lui succéder. Après notre large victoire de 2021, mes collègues m’ont accordé leur confiance pour prendre la présidence du Département. 


Nous sommes à mi-mandat. Au bilan des actions marquantes de l’assemblée départementale, on peut citer le schéma unique des solidarités…   


En effet ! Le défi était de mettre à plat nos politiques sociales et de remettre de l’ordre dans cette grande machine sociale. Ceci, pour le bien des habitants comme des travailleurs sociaux. On ne peut plus gérer les solidarités comme il y a vingt ans. Aussi, il devenait indispensable de regrouper plusieurs schémas en un seul, ce qui demande un travail considérable et beaucoup de diplomatie. Dans les prochains mois, nous arriverons au bout du déploiement de nos engagements et des actions annoncées dans le schéma, j’en suis très heureux. Changer les habitudes fait parfois peur, c’est pourquoi il faut prendre le temps de dialoguer avec les acteurs concernés pour expliquer nos objectifs. 


A mes yeux, il était essentiel de créer un parcours de solidarités et une véritable équité territoriale. Nos administrés doivent se sentir accompagnés avec la même clarté et la même efficacité où qu’ils habitent dans le département.


On ne peut gérer les solidarités comme il y a vingt ans

Vous avez organisé en novembre 2024 les Assises du Grand âge. Une démarche qui reflète la mobilisation du Département sur ce sujet majeur. 


Oui c’est un sujet fondamental et en amont des Assises du Grand âge, nous avons réuni 4 000 signatures pour réclamer au gouvernement une loi Grand âge promise depuis des années et urgente. Malheureusement pour nous, la censure du gouvernement Barnier est passée par là et aujourd’hui, nous ne savons même pas où est passée notre pétition ! Lorsque le Premier ministre François Bayrou est venu à Bourges récemment, je lui ai demandé où en était la loi grand âge, il m’a répondu que l’État n’avait plus d’argent…  De la même manière, nos courriers aux différents ministres sur ce sujet crucial sont restés lettre morte. À très court terme, ma crainte est que les EHPAD, qui sont dans une situation financière très fragile, ne se retournent vers les Départements pour leur demander de l’aide, alors même que nos budgets sont dans le rouge… Tout cela est extrêmement préoccupant. 



L’été a été à nouveau marqué par des incendies très dévastateurs. Face à ce phénomène, le Cher n’a pas attendu pour se mobiliser. Pouvez-vous nous en dire davantage ? 


Le Cher, vous le savez, compte une partie de la Sologne, le deuxième massif forestier français. Aussi, lorsque le VVF a racheté un grand territoire forestier à Neuvy-sur-Barangeon, en pleine Sologne, le Département a soutenu ce rachat. Devant la récurrence et la violence des incendies, nous avons décidé de travailler à un beau projet autour de la prévention sur ce site. C’est ainsi qu’est né « Cher Forêt École » il y a deux ans, un outil au service de la résilience climatique qui s’adresse aux sapeurs-pompiers ou encore aux propriétaires forestiers pour leur apprendre quelles essences d’arbres sont les plus adaptées, comment on prend soin de la forêt. Nous avons également mis en place un sentier pédagogique pour les collégiens. J’ai récemment rencontré le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui s’est montré très sensible au projet. 

Dans ce même esprit, avec les Départements du Loiret et du Loir-et-Cher, et l’Etat, nous avons mis en place une coopération pour installer des caméras permettant de lancer l’alerte au moindre départ de feu. Nous menons aussi un projet d’installation de réserves d’eau à proximité des forêts. Vous l’avez compris, nous faisons de la préservation de nos espaces forestiers une priorité écologique, économique dans une stratégie plus globale de prévention et d’aménagement du territoire. 


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De quel projet êtes-vous particulièrement satisfait ces dernières années ? 


Le Cher a atteint un niveau de démographie médicale très préoccupant. Dès mes premiers mois de présidence, j’ai pris ce sujet à bras-le-corps car de nombreux habitants de notre département n’ont pas de médecins. Avec les élus de la majorité, et la direction générale de la collectivité, nous avons travaillé à un certain nombre de solutions, et l’idée est née du Cabinet médical itinérant. Cela a immédiatement fonctionné, si bien que nous avons rapidement fait l’acquisition d’un camion totalement équipé et autonome pour aller à la rencontre des habitants du Cher. Partout où le bus passe, les gens remercient le Département. C’est bien là le sens de nos missions : rendre service. Oui, vraiment, je pense que ce cabinet mobile est l’une de nos belles réalisations. Il a d’ailleurs reçu deux prix lors des dernières Assises de Départements de France, ainsi qu’un D d’Or ! 


On a le sentiment que ce qui vous anime par-dessus tout est le goût du service ?


Depuis que je suis adolescent, je veux servir. J’ai été président des délégués lycéens puis pris les commandes de l’association du quartier du centre-ville de Bourges avec lequel nous avons organisé des dizaines de manifestations comme des fêtes de quartier, des crèches vivantes en la cathédrale de Bourges, des réveillons du Nouvel An, avec à chaque fois des centaines de personnes heureuses et réunies. Impliqué à La Croix Rouge, aujourd’hui à l’Ordre de Malte avec l’organisation de maraudes médicales, je m’occupe également d’une association qui vient en appui à la Banque Alimentaire. En réalité, je suis heureux quand je peux aider les autres. Mon premier slogan de campagne était « Avec vous, pour vous » et cela résume tout, c’est ma vie. 


J’ai pris à bras-le-corps le sujet de la démographie médicale dès mes premiers mois de présidence

Dernière question : comment voyez-vous les années qui s’annoncent pour le Département du Cher ? 


L’objectif de la seconde partie du mandat est de bien finir ce que nous avons commencé. Mais ma grande inquiétude est de savoir comment nous pourrons continuer avec toujours moins de moyens... Jusqu’à quand pourrons-nous soutenir des projets sociaux, associatifs, touristiques ? Si le gouvernement n’entend pas les alertes et recommandations de la Cour des Comptes et des Conseils départementaux sur l’inadéquation du financement des Départements avec leurs missions et les charges qui leur sont liées, où irons-nous ? Il faut arrêter de charger une barque qui est déjà pleine.



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