Portrait de Bertrand Bellanger, Président du Conseil départemental de la Seine-Maritime
- La rédaction
- 2 oct.
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JDD n°48 - Octobre 2025

Dans une France où le Président de la République doit composer sans majorité à l’Assemblée et où la dette nationale alimente chaque jour le débat public, la trajectoire du président de la Seine-Maritime prend un relief particulier.
Lui aussi gouverne sans majorité absolue : 34 élus sur 70, représentant 35 cantons et des sensibilités politiques parfois très éloignées. « Gouverner sans majorité absolue, c’est chaque jour chercher l’équilibre », dit-il. Une formule qui résume bien sa méthode : tenir ensemble des forces diverses, sans jamais perdre de vue l’essentiel.
Son parcours politique remonte à la fin des années 1980. D’abord adjoint au maire de Rouen, il prend en charge les dossiers liés aux nouvelles technologies puis au développement économique. Élu conseiller général en 1998 face au maire socialiste de Rouen, il connaîtra la victoire… puis la défaite, avant de rebondir à Mont-Saint-Aignan aux côtés de Catherine Flavigny. En 2015, il participe au basculement du Département, puis, en 2019, il succède à Pascal Martin en prenant la présidence. Deux ans plus tard, il conduit sa propre équipe aux élections départementales et se retrouve à la tête d’une majorité relative.
Cette situation, loin de l’affaiblir, a façonné son style : dialogue constant, recherche de compromis, respect des oppositions. Héritage d’un vieux département industriel, il a su préserver un climat de travail. « Ici, gaullistes et communistes ont appris à se respecter. Cela continue », rappelle-t-il.
Mais son empreinte la plus forte est sans doute budgétaire. Lorsque la Seine-Maritime était, il y a dix ans, le département le plus endetté de France – 1,25 milliard d’euros, soit 1 000 € par habitant –, il a participé puis conduit le redressement des comptes. En dix ans, la dette a été réduite de moitié. « Chaque euro économisé en frais financiers, c’est un collège construit », aime-t-il répéter. Ce désendettement n’a pas été une fin en soi, mais un moyen de retrouver une capacité d’action. En 2024, le Département a investi plus de 300 millions d’euros – un niveau jamais atteint depuis plus d’une décennie.
Homme discret, il n’aime pas l’ostentation. Mais ses choix parlent pour lui : préserver la culture, moderniser les collèges, soutenir les agriculteurs, accompagner les grands chantiers énergétiques comme l’EPR2 à Penly tout en les reliant à l’insertion et à l’emploi. Sa méthode n’est pas spectaculaire, elle est patiente et déterminée. Elle consiste à trouver des équilibres là où d’autres voient des fractures, à transformer des contraintes en leviers.
Marié, père de trois enfants et grand-père, il revendique une certaine simplicité. Mais derrière cette apparente modestie, il incarne un style rare en politique : celui d’un président capable de tenir les comptes, de maintenir l’équilibre politique et de donner une direction à un département qui, hier étranglé par la dette, reste aujourd’hui en capacité d’investir malgré le contexte budgétaire et les tensions sur les finances publiques .