C’est un tournant pour la vie politique auboise. Réuni en commission permanente ce lundi 8 septembre, le président du Conseil départemental de l’Aube, Philippe Pichery, a annoncé sa démission de la présidence, effective au soir du 5 octobre 2025.
Une décision longuement mûrie
Élu depuis de nombreuses années à la tête de l’Assemblée départementale, Philippe Pichery a expliqué que son choix était motivé à la fois par des raisons personnelles et de santé – il avait été victime d’un AVC en 2022 – mais aussi par une forme de désillusion face à l’évolution de la vie publique.
« Je ne reconnais plus les motivations et valeurs qui m’ont porté toutes ces années dans un contexte politique où les égos et les postures prennent trop souvent le pas sur l’unité et la cohésion dont notre société a tant besoin », a-t-il déclaré devant ses collègues.
S’il quitte la présidence, il continuera toutefois à siéger comme conseiller départemental, affirmant sa volonté de rester au service des Aubois.
Une succession préparée
Afin de ne pas fragiliser l’institution, le président sortant a proposé le nom de Philippe Dallemagne, conseiller départemental du canton de Bar-sur-Aube et vice-président en charge des finances et du personnel.« Sa maîtrise des finances, son expérience de maire et de président d’intercommunalité, sa vision politique et son attachement à l’équilibre entre territoires urbains et ruraux en font, selon moi, le candidat idéal », a souligné Philippe Pichery.
Attaché aux principes démocratiques, il a toutefois ouvert la possibilité d’une primaire interne si d’autres candidatures venaient à se déclarer. Dans ce cas, un vote de la majorité départementale aurait lieu le 15 septembre. L’élection officielle du nouveau président du Conseil départemental est programmée pour le 6 octobre à 14h30, en séance plénière.
Une page qui se tourne
Après des décennies d’engagement politique, Philippe Pichery a indiqué vouloir désormais consacrer davantage de temps à sa famille, tout en restant un acteur impliqué dans la vie publique locale. Sa dernière assemblée plénière en tant que président aura lieu le 29 septembre 2025.
Jean-Pierre Boisoteau, Consultant en management des Ressources Humaines
Introspection du mois : « Silence »
S’il y a bien un thème qui surprend les participants de nos formations, c’est l’utilisation du silence ! Il possède un rôle fondamental en management. Même si on le retrouve aussi dans bien des domaines : la méditation, la religion, la musique… les spécialistes nous diront que le silence absolu ne se constate que dans les chambres acoustiques, le degré zéro n’existant pas.
Être silencieux en management consiste à se taire ... volontairement.
Quel en est l’intérêt ? Faire le calme en soi, se relaxer, se reposer, prendre du recul. Tous les évènements extérieurs, les sollicitations à outrance viennent perturber notre tranquillité alors que notre être a besoin de sérénité.
L’autre bienfait du silence est d’affirmer notre position et ainsi éviter de nous justifier. La justification est un comportement de faiblesse, de fragilité, l’expression du manque de confiance en soi. Elle nous fait perdre notre crédibilité et du temps. En assumant sans dire un mot, un acte ou une parole, nous manifestons notre assurance.
Si nous souhaitons ou devons être directifs sur une situation ; une fois celle-ci énoncée, taisons-nous. Notre collaborateur marquera son étonnement ou sa déception, voire sa colère, mais le fait de nous voir calmes et muets lui permettra de comprendre que nous
maîtrisons le sujet et ne reviendrons pas sur ce que nous venons d’annoncer. Notre décision est irrévocable. Que penser d’un manager qui n’assume pas, qui se justifie à tout bout de champ et qui indique n’être responsable de quoi que ce soit ?!
Autres exemples :
En négociation ; dès notre avis et nos arguments énoncés, notre position exprimée, pourquoi en rajouter. Quels risques prenons-nous en sur développant ? À créer le doute chez notre collaborateur en voulant trop en dire.
En public ; commencer une présentation par un silence est le meilleur moyen de capter l’attention de son auditoire.
Force est de constater que nous ne sommes pas tous égaux et l’étonnement à propos de se taire, reflète la difficulté à vivre les secondes de silence. Nombreux sont ceux se sentant incapables de s’abstenir de parler tout en observant leur interlocuteur dans les yeux.
C’est complexe si nous sommes tournés sur nous et non sur l’autre. Prenons conscience que ce mutisme, entraine immédiatement chez la personne face à nous un auto centrage. Elle ne nous voit plus — même si elle nous regarde — et justifie son ressenti. Acceptons sa réaction dans le calme. C’est notre manque de confiance en nous qui nous fait douter.
La préparation en est le remède et nous aide à vaincre nos peurs. Le travail sur soi, un moyen de gagner de l’aisance.
Munissons-nous de ces deux citations : « le silence est d’or, la parole est d’argent. » et « Tu es esclave du mot que tu as prononcé, tu es maître de celui qui reste en toi. »
Les managers expérimentés, forts négociateurs sont plus silencieux que volubiles. C’est ce qui fait que nous les apprécions !
Pour conclure, un fait des plus marquants du siècle dernier fut la première nomination de Winston Churchill comme Premier Ministre. À la demande de Beaverbrook — tycoon de la presse anglaise — Churchill s’est tue plus de deux minutes lorsque Chamberlain demanda à Churchill son accord de rentrer dans le gouvernement de Halifax. Le silence si pesant a eu pour effet de rendre évident à Lord Halifax que Churchill était meilleur que lui pour affronter la période de guerre déclarée par l’Allemagne. Ces quelques minutes de silence ont joué un rôle majeur dans l’histoire de la Deuxième Guerre. (*)
Mesurer l’impact économique des stratégies d’attractivité
Marc Thébault, Consultant auprès des collectivités locales en attractivité et communication
L’évaluation des résultats obtenus par les stratégies d’attractivité est forcément complexe et multifactorielle. Elle est aussi parfois envisagée de manière subjective, se fondant plus sur des impressions que sur des faits. Mais il semble possible d’amener à nos réflexions des éléments quantitatifs indispensables, des chiffres, notamment en termes économiques.
Il y a quelques temps, le site Laou* publiait les résultats d’une collaboration avec Olivier Portier, consultant en analyse territoriale et créateur, et pilote, de l’Observatoire des impacts territoriaux des crises
(OITC), afin d’envisager comment mesurer l’impact économique d’arrivées de nouveaux venus sur un territoire. En somme, de quoi sortir de l’évaluation subjective, souvent au « doigt mouillé », pour tenter d’avoir à sa disposition des données quantitatives sérieuses, solidifiant ainsi la mesure des résultats des stratégies d’attractivité. Nous avons interrogé Olivier Portier sur cette initiative.
La question de l’évaluation des actions de marketing territorial semble être souvent mise de côté par les collectivités, se contenant parfois de mesurer des résultats de campagnes de communication.
Olivier Portier : Globalement, en France, on n’est pas très bon sur la question de l’évaluation des politiques publiques ; ce n’est pas dans notre culture. Et puis on confond largement la notion « d’évaluation » avec la notion de « jugement ». Face à un excès de mobilisation de mantras, amener des chiffres est un bel enjeu, à la fois pour déconstruire des croyances et à la fois pour apporter des éléments de quantifications.
Dans l’article de Laou, cité en introduction, apparaissent des chiffres : avec 50 familles qui arrivent sur un territoire, on peut estimer à 1,6 millions d’euros les sommes dépensées par ces nouveaux venus sur le territoire qui les accueille. Est-ce à lire comme une moyenne nationale ?
OP : Non surtout pas. Il s’agit en l’occurrence d’un calcul effectué sur un territoire particulier - ici il s’agit de la Meuse - en fonction des données récoltées par Laou avec le territoire et des données publiques que je peux moi-même rechercher. Ce chiffre est donc seulement celui du territoire concerné.
Nous avons d’ailleurs fait ce calcul pour d’autres. Par exemple, pour les Vosges, le total de 1,6 M€ est atteint avec seulement 35 familles. Pour compléter la présentation de notre méthodologie, sachez également qu’elle se fonde sur la « théorie de la base » de Laurent Davezies qui stipule, entre autre, que l'économie locale est alimentée par des revenus extérieurs et pas seulement par la seule production locale.
L’effet économique de ces arrivées est certainement plus complexe que la seule comptabilisation des revenus ou des dépenses des nouveaux venus ?
OP : On doit avoir en tête trois effets principaux. Tout d’abord les effets directs : les revenus de ces nouveaux arrivants qui vont bénéficier, notamment, aux collectivités.
Il y a ensuite les effets indirects : il s’agit de la consommation locale de ces nouveaux venus. En somme, la redistribution de la richesse. Et il y a enfin les effets induits : ces nouvelles nouvelles consommations locales vont avoir des conséquences pour, par exemple, les commerçants. Ces derniers, d’une part, vont voir augmenter leur propre richesse et, d’autre part, pour répondre à ce flux supplémentaire, vont peut-être créer des emplois.
Et si ces emplois sont mis à disposition de demandeurs d’emplois locaux, l’impact de ces bénéfices devient de plus en plus large. Mais on peut également penser à la « consommation » culturelle ou associative : là encore ces arrivées vont générer des surplus de fréquentations, d’inscriptions, d’activités, etc. donc des apports
de nouvelles ressources pour beaucoup d’acteurs locaux.
Ceci peut-il se vérifier pour tous les territoires ?
OP : Ces éléments sont à utiliser avec précaution et suivant la nature des territoires. En effet la consommation locale n’est pas toujours en lien avec l’endroit où l’on habite. Les grandes villes sont souvent d’importants pôles de consommation, y compris pour celles et ceux qui vivent ailleurs. Mais cette richesse est souvent redistribuée au-delà des limites des métropoles ou des grands centres urbains.
L’aspect positif, c’est d’y déceler les raisons de la collaboration entre territoires de toutes tailles. Monter des bastions défensifs contre la métropolisation n’est certainement pas la bonne solution. Il convient de réfléchir en termes de flux, en termes de mécanismes de circulation des richesses et de penser nos territoires comme autant de systèmes interdépendants les uns des autres.