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L’Oeil de l’expert

  • La rédaction
  • 3 sept.
  • 3 min de lecture

JDD - Septembre 2025



Jean-Pierre Boisoteau, Consultant en management des Ressources Humaines
Jean-Pierre Boisoteau, Consultant en management des Ressources Humaines

Introspection du mois : « Silence »


S’il y a bien un thème qui surprend les participants de nos formations, c’est l’utilisation du silence ! Il possède un rôle fondamental en management. Même si on le retrouve aussi dans bien des domaines : la méditation, la religion, la musique… les spécialistes nous diront que le silence absolu ne se constate que dans les chambres acoustiques, le degré zéro n’existant pas.


Être silencieux en management consiste à se taire ... volontairement.


Quel en est l’intérêt ? Faire le calme en soi, se relaxer, se reposer, prendre du recul. Tous les évènements extérieurs, les sollicitations à outrance viennent perturber notre tranquillité alors que notre être a besoin de sérénité.



L’autre bienfait du silence est d’affirmer notre position et ainsi éviter de nous justifier. La justification est un comportement de faiblesse, de fragilité, l’expression du manque de confiance en soi. Elle nous fait perdre notre crédibilité et du temps. En assumant sans dire un mot, un acte ou une parole, nous manifestons notre assurance.


Si nous souhaitons ou devons être directifs sur une situation ; une fois celle-ci énoncée, taisons-nous. Notre collaborateur marquera son étonnement ou sa déception, voire sa colère, mais le fait de nous voir calmes et muets lui permettra de comprendre que nous

maîtrisons le sujet et ne reviendrons pas sur ce que nous venons d’annoncer. Notre décision est irrévocable. Que penser d’un manager qui n’assume pas, qui se justifie à tout bout de champ et qui indique n’être responsable de quoi que ce soit ?!


Autres exemples :

  • En négociation ; dès notre avis et nos arguments énoncés, notre position exprimée, pourquoi en rajouter. Quels risques prenons-nous en sur développant ? À créer le doute chez notre collaborateur en voulant trop en dire.

  • En public ; commencer une présentation par un silence est le meilleur moyen de capter l’attention de son auditoire.


Force est de constater que nous ne sommes pas tous égaux et l’étonnement à propos de se taire, reflète la difficulté à vivre les secondes de silence. Nombreux sont ceux se sentant incapables de s’abstenir de parler tout en observant leur interlocuteur dans les yeux.


C’est complexe si nous sommes tournés sur nous et non sur l’autre. Prenons conscience que ce mutisme, entraine immédiatement chez la personne face à nous un auto centrage. Elle ne nous voit plus — même si elle nous regarde — et justifie son ressenti. Acceptons sa réaction dans le calme. C’est notre manque de confiance en nous qui nous fait douter.

La préparation en est le remède et nous aide à vaincre nos peurs. Le travail sur soi, un moyen de gagner de l’aisance.


Munissons-nous de ces deux citations : « le silence est d’or, la parole est d’argent. » et « Tu es esclave du mot que tu as prononcé, tu es maître de celui qui reste en toi. »

Les managers expérimentés, forts négociateurs sont plus silencieux que volubiles. C’est ce qui fait que nous les apprécions !


Pour conclure, un fait des plus marquants du siècle dernier fut la première nomination de Winston Churchill comme Premier Ministre. À la demande de Beaverbrook — tycoon de la presse anglaise — Churchill s’est tue plus de deux minutes lorsque Chamberlain demanda à Churchill son accord de rentrer dans le gouvernement de Halifax. Le silence si pesant a eu pour effet de rendre évident à Lord Halifax que Churchill était meilleur que lui pour affronter la période de guerre déclarée par l’Allemagne. Ces quelques minutes de silence ont joué un rôle majeur dans l’histoire de la Deuxième Guerre. (*) 


(*) « Si je mens » de Françoise Giroud


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